lundi 8 novembre 2010

Carlos Saura, le retour... en moins bien

J'ai eu la chance de pouvoir voir en avant-prem's le nouveau film de Carlos Saura, Flamenco Flamenco (disons "Flamenco 2"), sorti mi-octobre en Espagne. Petit exercice critique à destination des fans du monumental Flamenco (le "1"), sorti en 1995, que j'encourage tout le monde à voir et revoir sans modération.


Évidemment, j'étais suffisamment excité à l'idée de voir ce nouvel opus du réalisateur de Cria Cuervos pour me taper 40 stations de métro et traverser le centre commercial puis la dalle de Créteil. Il faut dire que je suis un fan de longue date du Flamenco 1, que j'ai dû me taper un bon millier de fois, et même image par image pour certaines scènes.

Mais venons-en au fait : ce "2" est-il au même niveau que le "1" ? Eh bien la réponse est... complexe.

Bien sûr, 15 années ont passé, Internet a révolutionné la diffusion de la musique tout en privant certains artistes de leur biftek (moins en flamenco que dans d'autres musiques), l'influence du jazz est passée par là, les vieux sont morts (la Paquera de Jerez en 2002, Chocolate en 2005...), les jeunes n'étaient pas nés (Diego del Morao, Montse Cortés, Miguel Poveda, Rocio Molina...). Bref, le flamenco étant une musique vivante, il se passe des choses en 15 ans.

Distinguons donc deux registres : l'aspect cinématographique et l'aspect musical.

Du point de vue du réalisateur, ya pas à dire, Carlos Saura a tout sauf des goûts de chiottes. La moindre image est léchée, tout est magnifique.

La photographie et le son sont impeccables, c'est la moindre des choses pour une entreprise de ce niveau.

Les décors : le "1" était déjà très réussi de ce point de vue. On se souvient que Saura avait obtenu de tourner dans l'ancienne gare centrale de Séville, la estatacion de Cordoba, avant qu'elle soit lamentablement reconvertie en centre commercial. Il y avait déjà un fabuleux travail sur les volumes, les lumières, les ambiances, avec de longs plans séquence...

Je ne sais pas où a été tourné le 2, mais j'imagine que c'est dans l'un des bâtiments de l'expo universelle, à Séville. On retrouve les volumes et les jeux de lumière, avec cette originalité d'avoir disposé des tableaux magnifiques, qui trônent dans les espaces, autour desquels les danseurs virevoltent.

La caméra : il me semble qu'elle est moins statique que dans le 1. C'est particulièrement réussi lorsqu'il s'agit de faire des travellings arrière avec un Farruquito qui semble littéralement monté sur roulement à billes. Mais ça donne un peu mal à la tête quand les plans serrés se succèdent trop rapidement, cédant à cette sorte de mode du cinéma d'action (qui a décidément tout oublié de Bruce Lee !).

Enfin, le résultat est plutôt aéré et même aérien, on peut dire que ça fonctionne.

Maintenant, entrons dans le "dur" : à quoi a-t-on droit dans ce Flamenco ?

C'est là, à mon sens que le bât blesse. Il y a des choses très bien, ce n'est pas le problème. Je pense en particulier à une buleria de Miguel Poveda seul, attablé dans l'obscurité avec deux compères qui marquent le compas sur la table, sans doute le meilleur moment du film. Mais j'ai aussi beaucoup apprécié la guajira de Patricia Guerrero, la solea de la Yerbabuena avec Enrique el Extremeño et José Valencia au chant, ou encore la solea por buleria de Montse Cortés avec Diego del Morao à la guitare (même si on a déjà entendu ça quelque part...). Il y a même quelques paris osés mais réussis : un solo d'Israel Galvan entre les toiles, une chorégraphie de la troupe de Javier Latorre, ou encore un mano a mano dantesque entre la Yerbabuena (encore !) et Miguel Poveda (!!!)... sous des trombes d'eau.

Vous l'aurez compris, on voit certains artistes plusieurs fois. Et pourtant, il manque quelque chose. Un je-ne-sais-quoi qui faisait toute la chair du 1. Manuela Carrasco ? Probablement. Mais plus sûrement Manuel Agujetas, qui irradiait le martinete, avec Manuel Moneo. Il y a bien une saeta, un peu essoufflée, et surtout un martinete de José Mercé, mais quelque chose ne fonctionne pas. Est-ce le marteau et l'enclume qui rajoute un pathos inutile sur un chant solo déjà surjoué ? Je ne saurais dire.

A côté de ça, on des choses vraiment insipides, comme un Anda Jaleo par Tomatito et la Niña Pastori, ou un tango d'Estrella Morente (dont je suis pourtant fan dans la vraie vie).

Enfin, et là Saura a sa part de responsabilité, le film joue trop sur une symétrie avec le précédent. Mais c'est pour mieux faire ressortir la baisse de niveau entre les deux.

Par exemple, le film s'ouvre sur une version douce de la rumba qui clôturait le 1. Du coup, on est à des millénaires de la claque que nous met la Paquera de Jerez dès la première seconde du 1. Même chose avec la scène de fin, qui joue la carte "pueblo" qui faisait l'ouverture du 1, mais qui a du mal à décoller, malgré le grand Luis el Zambo et la pêche du jeune Jesus Mendez (neveu de la Paquera, mais loin de l'égaler). Mais quand il s'agit de danser la "pata por buleria", il n'y a que Moraito Chico et quelques mamies de Jerez pour assurer... A croire qu'il n'y a plus aucune figure de la danse à Jerez !

Et là où ça fait le plus mal au cœur, c'est le solo de guitare de Manolo Sanlucar, qui entreprend un alegria solo avec un chœur de femmes aux mélodies complexes dans la même veine que celle, mémorable, qu'il jouait avec Diego Carrasco dans la 1. Je ne saurais dire si c'est l'arthrose ou tout simplement le fait qu'il ne travaille plus vraiment la guitare comme avant, mais on le sent clairement à la lutte dans l'exécution. Quant à la composition, elle est loin du génie d'il y a 15 ans.

Même Paco de Lucia, qui reste le plus grand guitariste de tous les temps (j'ose ajouter toutes disciplines confondues), semble à la peine pour exécuter sa solea por buleria Antonia, issue de son dernier album, Cositas Buenas. Bon... ça fait quand même plaisir de l'entendre comme ça, "de près" et sans fioritures.

Bref, un Flamenco 2 osé, mais décevant, qui n'égale pas le Flamenco 1.

Alors pour le plaisir et parce que c'est quand même un grand moment qui restera dans l'histoire du flamenco, voici la scène introductive du Flamenco de 1995



Et puis comme on n'est pas des chiens, voici le trailer du nouveau :

1 commentaire:

Anonyme a dit…

jolin, pues que se retire ya este director,
hizo dos peli divinas de flamenco pero claro estaba Gades a su vera
vaya manera el flamenco, hielo lo que sentimos todos
leanse si hiciera falta la critica que saco el periodico frances Le Monde, que de aficionado no va, pero de cine, si que entienden
estos peliculones que poco entendimiento del flamenco !
y si no sabe filmar que ponga su camara QUIETA que el flamenco tiene bastante energias como para cargarlo con pinturas (feas) trajes (imundos) y demas
se le occurio avisar a los artistas que no era un escenario cualquiera ? y que de estar filmados, no importa exagerar las emociones, las miradas ecetera que la camara lo amplifica todo
resulta que todas las mujeres incluyendo la Sara que tiene clase, parecen putas
que se retire ya el menda, que nosotros directores sin mas ambiciones que admirar a los artistas, si entendemos el flamenco, que cuanto mas puro y sencillo mejor
que quien le conozca por fa le encargue otro tema que pa esto del baile y del arte flamenco, el tio no sirve
que hay que saber retirarse y espero los gitanos hayan cobrado muy bien, porqué hay mucha pela detras de cada plano y enfurecidos pueden estar de verse asi, cortaditos de todos lados y perdidos en estos fondos, y pinturas de poco estilo cuando en españa, por favor no faltamos de pintores maestros
solo basta ver a Paco y el aburrimiento que me coge ! con respeto pero con firmeza firmo Helena la electrica, que asi sabe mi gente, que asumo estas palabras.