mercredi 17 février 2010

La terre ne tremble plus

Ce petit message pour vous annoncer la mort de Fernando Terremoto, emporté le 12 février dernier par une tumeur du cerveau à l'âge de 41 ans.
Le grand Terremoto de Jerez avait lui-même disparu prématurément en 1981. Son fils, Fernando, était alors jeune et peu porté sur le cante. Il a d'ailleurs débuté sa carrière comme guitariste, et pas des moindres. Il aimait d'ailleurs prendre la guitare pour le fin de fiesta, comme on a pu le voir à plusieurs reprises à la fin de ses spectacles avec Israel Galvan. Les voisins du petit Fernando, dans le quartier de la Asuncion, à Jerez, savaient néanmoins qu'il lui arrivait de pousser la chansonnette... "sous la douche", comme il s'en amusait lui-même.

Ce n'est que sur le tard qu'il monte sur scène comme cantaor. La première fois, il avait 20 ans. C'était à la peña Don Antonio Chacon, dans le quartier de Santiago, accompagné par la guitare de Moraito Chico. Un témoin de ce concert mémorable raconte : "les gens sont devenus fous lorsqu'il a commencé à chanter. Il avait vraiment les expressions et la voix de son père."

Puis vint la reconnaissance du milieu flamenco avec sa victoire au concours de chant de Cordoue. A partir de là, les triomphes s'enchaînent. Ainsi que les tournées internationales, notamment avec le danseur Israel Galvan.

Son chant était bien entendu très puissant (comme son nom l'indique, terremoto signifie "tremblement de terre"), il avait un coffre incroyable, mais aussi un timbre rond. Il savait à merveille varier d'une phrase à l'autre entre le hurlement tragique et des moments très fins et doux, où la voix sortait comme dans un sanglot. C'est d'ailleurs pour cette qualité, assez courante, mais poussée ici à son paroxysme, que l'une de ses principales spécialités était la Malagueña. Il était aussi saisissant por Siguiriya, por Solea por Buleria et bien sûr, por Buleria de Jerez (vous aurez reconnu le répertoire traditionnel de la ville de Tio Pepe...). Il avait aussi un certain aire à la danse...

Sa disparition me fait spécialement de la peine, car j'ai moi-même eu la chance de le voir de nombreuses fois, dont, je dois le dire, l'un de mes meilleurs souvenirs de flamenco : un récital en acoustique à la peña Chacon en 2005, retour aux sources garanti.

A chaque fois, j'ai été le saluer dans les coulisses et rencontré un homme absolument charmant, très simple et très affable. La dernière fois que je l'aurai vu, c'était au théâtre de Vincennes en 2008 (si mes souvenirs sont bons), où il avait interprété certains thèmes qui devaient figurer sur le disque qu'il était en train d'enregistrer et qu'il n'aura pas eu le temps de finir.

1 commentaire:

agnès a dit…

merci Jérémie de nous faire découvrir cet artiste, même si c'est dans la peine...