jeudi 21 janvier 2010

Utrera por Bulerias

Petite séance d'écoute assistée avec cette buleria aux allures de transe collective "por Utrera".




Utrera est une ville de 50 000 habitants située au sud de Séville en direction de Cadiz. Exactement dans le berceau qui a vu naître le flamenco. De nombreux artistes ont été originaires de Utrera, comme Fernanda y Bernarda... de Utrera, ou Pepa de... Benito ! La particularité du compas de Utrera est d'être relativement lent (surtout ici), avec des temps forts bien marqués. Ce qu'il est très important d'écouter, c'est le "poids" du rythme et des jaleos (olé), et la place de ces derniers dans le compas.

Ce disque, c'est Solo compas, et il se trouve que cette piste-là est bien.


Le "Ay ay" du début correspond à ce qu'on peut appeler el quejio (la plainte), qui permet au chanteur de tester le ton et sa voix avant de se lancer. Cela peut parfois être une figure de style en soi, mais ici le chanteur fait le minimum.


Tout de suite après, les letras (je ne garantis pas la transcription, encore moins la trad.) :

Tiro piedras por la calle
A que Díos le de que perdone
Tengo la cabeza loca
De tantas cabilaciones

Je traîne des pierres dans la rue
Que Dieu me pardonne (je ne sais pas trop)
J'ai la tête folle
De toutes ces mauvaises pensées


Sitio donde te hablé
Gana me da de volverme
Sentarme un ratito en el

L'endroit où je t'ai parlé
J'ai envie d'y retourner
M'asseoir un instant là-bas

No sé porque
Esa gitana me vuelve
La cara cuando me ve

Je ne sais pas pourquoi
Cette gitane détourne
La tête quand elle me voit

Que fatiga es la mía
Limones por la manana
Limones por medio día

Quelle souffrance que la mienne
Des citrons le matin
Des citrons à midi

Como te quiero
Pero de lache no te lo peno

Je t'aime trop
Mais par timidité je ne te le dis pas

Valgame Díos
... ?

Fin du premier chanteur.
Qui saura me dire par quelle letra finit le second chanteur ?
Tout le monde peut gagner, c'est facile.

Vous pouvez constater que les letras n'ont pas de sens les unes par rapport aux autres. Certaines ont d'ailleurs un sens incertain. Bon, pour les "citrons", je suppose qu'il faut comprendre un type qui bosse comme un damné dans les champs de citroniers.

A chaque letra correspond un cycle ou l'énergie monte progressivement jusqu'au remate, à la fin duquel tout le monde dit olé. Au fur et à mesure que les letras s'enchaînent, l'énergie monte toujours un peu plus haut, jusqu'aux deux dernières qui sont au max. J'imagine d'ailleurs qu'il y a des gens qui dansent pour remater les cycles de chaque chanteur.

4 commentaires:

Agnès a dit…

merci de la rapidité de tes réponses, je commence à y voir un peu plus clair !vraiment c'est une bonne idée ce blog! Bon, moi j'aimerai bien écouter pour mettre en pratique, mais voilà, impossible d'écouter "utrera por Bulerias",dommage... Je me contenterai alors d'imaginer l'interprétation des letras par le chanteur !
Pour la suite, si les letras n'ont aucun lien les unes aux autres et que le 1er chanteur termine par "Dieu cela en vaut- il la peine" (euh, je ne suis pas sûre, cela fait bien longtemps que je n'ai pas pratiqué l'espagnol, mais ça doit etre dans ce genre ...),je dirais que le 2ème chanteur enchaîne sur...les citrons, enfin sur autre chose que cet amour qui le rend fou...C'est quand même bien dommage de terminer de cette façon là, quelle souffrance!!
Bon j'attends la réponse...!

"jere" a dit…

Peut-être te manque-t-il la dernière version de Flash Player ou quelque plugin de ce genre. Quand tu vas sur Deezer, ça marche ou pas ?

Je sais que c'est étrange de se dire qu'il n'y a aucun fil conducteur thématique... Il faut juste s'habituer. Et trouver la poésie là où elle se trouve. Les letras font 2, 3 ou 4 vers, jamais plus. Après, on rentre dans la chanson, comme à la fin de la piste que je propose ici.

Agnès a dit…

Effectivement, il me manquait la dernière version d'adobe flash player.
J'ai donc pu écouter, c'est vrai que ça a l'allure d'une "transe collective" ,j'ai eu du mal à suivre... Je pense qu'il faut être dans l'ambiance.
En clair, côté chant, peu importe le fil conducteur des coplas, on est là pour vibrer! Ok, il faut vraiment se laisser aller... question d'habitude certainement! Alors est ce qu'on pourrait dire que le chant flamenco ne doit pas être écouté mais ressenti ? (j'espère que je ne dis pas trop de bêtises...).

J'en découvre toujours un peu plus sur le flamenco et plus je m'y intéresse, plus j'ai envie d'en connaître davantage ! alors pour continuer l'apprentissage j'amène timidemment une autre question: comme j'aime beaucoup le jazz, je me rappelle de l'un de tes messages dans lequel tu proposais une comparaison entre jazz et flamenco ( ce n'est pas rentré dans l'oreille d'un sourd !), je suis curieuse d'en savoir un peu plus ! Et le jazz manouche dans tout ça ?!ça tombe à pic avec le centenaire de Django R. et que d'ailleurs je vais me faire le plaisir d'aller écouter à l'alhambra !

"jere" a dit…

La question de l'écoute du chant flamenco appelle de nombreuses remarques que je m'efforcerai de rassembler dans un seul et même post.