jeudi 14 janvier 2010

Compás, quesaco ?

Pour commencer, je voudrais faire quelques remarques concernant la définition du mot "compás". On a l'habitude, en flamenco, d'utiliser ce mot comme un synonyme parfait du "rythme". Je trouve cette définition très réductrice.



Cela pose la question, plus large, de savoir quel est la spécificité musicale (ou musicologique, pour être pompeux) du flamenco par rapport aux autres styles musicaux.

Le flamenco n'est pas une "musique"
mais une "émotion"


En effet, on ne peut pas définir le flamenco de façon totalement musicologique. La grande variété des styles formant le corpus de cette musique l'interdit. Qu'y a-t-il de commun entre les structures de la Granaina (style libre en mi mineur) et la Buleria ? Entre les Tarantos et la Solea ? Rien. On trouve même certains styles (comme les Tangos, Rumbas, Colombianas et les dizaines de Fandangos) qui peuvent s'interpréter autant sur un mode folklorique espagnol ou carrément sud-américain que flamenco. En somme, on pourrait définir chaque palo comme un style musical en soi.

Et pourtant, le flamenco existe et présente même une certaine homogénéité, que les aficionados avertis savent déceler jusque dans des canciones ou des Romances, lorsqu'ils sont interpréter d'une certaine manière.

Ma réponse, vous l'aurez deviné, est qu'il n'existe pas de définition "musicale" du flamenco, mais plutôt une définition "culturelle", ou plus exactement "émotionnelle". Elle est dans l'interprétation. Dans la respiration du chant, dans l'attaque (le fameux soniquete) de la guitare, dans la "sécheresse" du rythme...

Le compas n'est pas un "rythme"
mais une "respiration"


Revenons à notre compás. De la même façon que nous avons montré une unicité du "flamenco" à travers les différents "palos", on peut montrer l'existence du compás dans chaque style, malgré les différences (et parfois l'absence) des rythmes.

Le mieux pour comprendre est précisément de se pencher sur un style "libre". Par exemple, la Granaina. Il n'y a pas de rythme, et pourtant, il y a un compas, une respiration typiquement flamenca, ponctuée par le remate traditionnel (un glissé vers le SI de la guitare). Même chose pour le chant : des phrases courtes ponctuées par des "réponses" de la guitare et une progression harmonique typique des Fandangos. Je ne rentre pas dans les détails, mais il y a bien un compás por Granaina... même s'il n'y a pas de rythme.

PS : un peu de pub pour les copains, pour s'initier à la Granaina, suivez le lien :
http://www.flamencoweb.fr/spip/spip.php?article62

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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